Retraite : vers la fin du système par répartition ?
Des
retraités qui vivent plus longtemps, une baisse de la natalité et un
système des retraites déficitaire sont autant de causes qui poussent
aujourd’hui à une réforme des retraites. Parmi les principales mesures
qui ont déjà été annoncées en janvier pour réformer le système de
retraite français : le recul de l’âge de départ à la retraite, la durée
de cotisation requise et l’instauration d’une pension minimale. A cela
vient s’ajouter la possibilité d’introduire une dose de capitalisation
avec l’amendement qui a été voté le 5 mars et qui modifierait plus «
structurellement » le système de retraite. Qu’est-ce que cela
changerait ? On vous explique dans cet article !
La retraite par répartition, un modèle au bord du gouffre ?
Le modèle de retraite français se base sur une retraite par répartition. Pour l’expliquer simplement, ce sont les actifs d’aujourd’hui qui paient les pensions des retraités d’aujourd’hui. En parallèle, cotiser aujourd’hui ouvre des droits pour sa future pension de retraite. Avec ce système, une dimension de solidarité demeure donc importante. Nous ne cotisons pas pour notre propre retraite mais pour la retraite des retraités actuels.
En revanche, le ratio cotisants-retraités met aujourd'hui en lumière le déséquilibre du régime de retraite par répartition.
Ceci s’explique par une évolution démographique défavorable avec
notamment le départ à la retraite de la génération du baby-boom, ce qui
provoque un déséquilibre entre le nombre de cotisants et le nombre de
retraités. Selon la DRESS, alors qu'en 2004, deux actifs cotisaient
pour un retraité, le rapport était de 1,67 actif pour un retraité en 2020. Pour résumer, il y aura de moins en moins de cotisants pour un retraité.
Depuis plusieurs années, les gouvernements utilisaient le déficit du
système des retraites comme argument-clé pour justifier les réformes.
Depuis la crise des subprimes, soit entre 2008 et 2020, le système des
retraites a affiché chaque année un déficit, mais qui a eu tendance à
se résorber entre 2011 (date de la précédente réforme des retraites) et
2019, avant de connaître un trou d’air de près de 13 milliards d’euros
en 2020, année du Covid.
En 2021, le système de retraite a connu son premier excédent depuis 2007. L’explication de ce rebond est simple, le redémarrage de l’activité économique et les créations d’emplois après la période Covid ont permis de renflouer les caisses.
Qu’attendre dans les années à venir ? Un système excédentaire comme en 2021 ou un retour des déséquilibres ?
Le COR (conseil d’orientation des retraites) a étudié différents
scénarios en prenant plusieurs hypothèses économiques en particulier
sur l’évolution de la productivité du travail : 4 scénarios allant de 0,7% à 1,6%. En se basant sur ce que le COR appelle « la convention EPR
», qui part du principe que l’Etat employeur se limitera à équilibrer
le régime des fonctionnaires d’Etat et des régimes spéciaux (ce qui
reflète la législation actuelle du système de retraite), les prévisions sont assez pessimistes, avec des déficits qui se creuseraient au moins jusqu’à 2030 et continueraient à se dégrader dans deux scénarios sur 3.
Mais le COR se base aussi sur un autre scénario, plus optimiste pour le système des retraites, qu’il appelle « convention EEC
». Dans ce scénario, l’Etat maintiendrait sa contribution, mais en
pourcentage du PIB cette fois-ci. Avec ce scénario, les hypothèses sont
plus optimistes, même si le déficit continuerait à se creuser pendant
au moins 10 ans.
Bien sûr, toutes les prévisions présentées dans ce rapport sont
susceptibles d’évoluer dans le positif comme dans le négatif si l’on
tient compte de l’évolution de la démographie, de l’espérance de vie,
de la croissance économique, du taux de chômage et de tout autre
événement imprévisible (crise financière, pandémie…) pouvant modifier
l’équilibre financier du système des retraites.
Que les prévisions soient mauvaises ou bonnes, vous pouvez toujours anticiper et compléter la retraite par répartition avec la retraite par capitalisation par le biais d’un plan d’épargne retraite
(PER). Cette solution d’épargne a tout son intérêt si vous souhaitez
compléter votre future pension de retraite et représente une façon de
vous prémunir face aux prévisions pessimistes et aux décisions
gouvernementales qui pourraient justement influencer à la baisse votre
future retraite.
Vers un système de retraite par capitalisation ?
En opposition à la retraite par répartition, vous épargnez en vue de
votre propre retraite dans un système de retraite par capitalisation.
Elle peut être mise en place de façon collective dans le cadre
d’accords d’entreprise ou de façon individuelle par des solutions
d’épargne. Dans le second cas, le Plan d’Epargne Retraite (PER) est
tout indiqué. L’objectif, se constituer une épargne dans le but de préparer soi-même sa retraite.
Avec cette solution d’épargne, vous économisez pendant votre vie active
pour obtenir, à partir de l'âge de la retraite, un capital ou une rente.
Le modèle de la retraite par capitalisation est celui privilégié dans d’autres pays notamment en Islande, élu comme le pays disposant du meilleur système de retraites
selon une étude internationale, le Mercer CFA Institute Global Pension
Index 2022. Il en est de même aux Pays-Bas qui ont fait le choix d’un
système de retraite hybride qui repose sur deux piliers : la retraite
par répartition qui permet d’obtenir un revenu de base et la retraite
par capitalisation qui représente une part de la pension investie sur
les marchés boursiers.
Si jusqu’à présent, le gouvernement français était réfractaire quant à
la mise en place d’un tel système, le sujet revient sur la table et
vient officiellement intégrer la réforme des retraites avec un amendement voté le 5 mars dernier pour qu’une dose de capitalisation soit intégrée au système par répartition actuel.
Concrètement, une partie des cotisations retraite serait capitalisée,
au profit du cotisant, plutôt que distribuée aux retraites comme le
prévoit le système actuel. Cet amendement proposé par Jean-François
Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle, repose sur l’incertitude que la
réforme en cours puisse permettre au système des retraites français
d’être à l’équilibre d’ici 2030. La retraite par capitalisation
permettrait d’anticiper la dégradation du ratio cotisant-retraité. Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs de droite, illustre le principe avec une fusée à trois étages :
1. la répartition,
2. les retraites complémentaires,
3. un dernier étage pour la capitalisation.
Pour l’heure, les sénateurs devront fournir un rapport pour comparer
les conséquences d’un passage à un régime par capitalisation. Celui-ci
devra être remis au Parlement avant le 1er octobre.
La retraite par capitalisation : un modèle qui existe déjà avec le PER
Le Plan d’Epargne Retraite (PER) vous permet de construire votre épargne sur-mesure dans un cadre fiscal avantageux. C’est donc un produit d’épargne qui fonctionne sur le principe de la retraite par capitalisation.
Comme pour l’assurance-vie, le PER est un produit qui propose de
nombreux supports. Du moins risqué (le fonds en euros) au plus risqué
(les unités de compte*), le PER vous permet de créer une enveloppe en
cohérence avec votre profil investisseur. Si le fonds en euros est un support à capital garanti, les unités de compte (actions, obligations, OCVM, SCPI…) offre un potentiel de rendement plus élevé
mais ne confèrent aucune garantie en capital. Ainsi, l’allocation
d’actifs doit être réfléchie en fonction de votre profil investisseur
qui tient compte notamment de votre situation patrimoniale, de votre
appétence au risque et de votre âge.
En prime, le PER vous fait profiter d’une fiscalité avantageuse
puisque les sommes versées sur un PER au cours d'une année sont
déductibles des revenus imposables de cette même année, dans la limite
d'un plafond global.
Cette économie d’impôt créée lors des versements permet d’obtenir une
meilleure performance si celle-ci est réinvestie et qu’elle participe
ainsi à faire fructifier votre épargne, ce qui rend le PER plus
intéressant malgré un blocage des fonds jusqu’à l’âge de la retraite.
Exemple : prenons le
cas de Sarah avec un revenu imposable annuel de 45 000 € et qui verse
tous les ans 4 000 € (tout en respectant le plafond de déduction) dans
son plan d’épargne retraite. Le gain fiscal est ici de 1 200 € par an
(4 000 € x 30 %).
A noter : à la sortie en
capital, les versements volontaires qui ont été déduits de vos revenus
imposables sont à réintégrer dans l’assiette taxable au barème
progressif de l'impôt sur le revenu. Toutefois, l’impôt est bien
souvent moins conséquent du fait de la baisse des revenus à la retraite.
*Les investissements en unités
de compte (notamment OPCVM) présentent un risque de perte en capital
important, doivent s’envisager dans une optique long terme (minimum 10
ans) et porter sur une petite partie d’un patrimoine global.
Contrairement au fonds en euros, la valeur de ces unités de compte, qui
reflète la valeur d’actifs sous-jacents, n’est pas garantie mais est
sujette à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en
particulier de l’évolution des marchés financiers.
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